Texte: An Swerts
Plus Magazine, Janvier 2016


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C’est une découverte étonnante : l’extrait de piment rouge serait particulièrement efficace pour prévenir les problèmes déternuements inexpliqués.

 

Le piquant du piment pour soigner les nez hypersensibles.

 

1 Pas d’effet en cas de refroidissement

Nez bouché, nez qui coule, et éternuements, si la cause n’est ni une allergie ni un banal refroidissement, on parle de rhinite idiopathique. Mais bien d’autres éléments peuvent entrer en ligne de compte, dont des facteurs hormonaux ou certains aliments par exemple. Dans la moitié des cas, les médecins n’ont pu diagnostiquer de cause et les classiques sprays nasaux aux corticostéroïdes n’ont apporté aucun soulagement. «Un traitement avec un spray nasal à la capsaïcine constitue une solution efficace», affirme l’oto-rhino-laryngologiste Laura van Gerven. A l’hôpital universitaire où travaille la spécialiste, ce traitement est appliqué depuis quatre ans déjà.

2 Aucun risque, aucun effet secondaire

Laura van Gerven : « La capsaïcine est un extrait de piment rouge que nous utilisons à des concentrations relativement élevées. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous anesthésions la muqueuse nasale, à tout le moins pour les deux premières des cinq doses administrées à une heure d’intervalle. Après chaque dose, des syptômes tels qu’un larmoiement, une sensation de brûlure dans le nez et des quintes de toux peuvent se manifester mais ils durent rarement plus d’une minute. Chez huit patients sur dix, ce traitement suffira à faire disparaître complètement les symptômes en un à trois mois pour une durée allant de six à neuf et parfois même douze mois. Dès que les plaintes réapparaissent, il suffit de répéter le traitement car il est absolument sans risque et ne provoque aucun effet secondaire. »

3 Une muqueuse nasale hypersensible

Le traitement a été décrit pour la première fois en 1991 par l’équipe suisse du professeur J.S. Lacroix. Il a fait l’objet de plusieurs études en double aveugle et d’études placebo dont les résultats ont prouvé, à maintes reprises, toute son efficacité. Mais le mécanisme lui-même est toujours à l’étude. Laura Van Gerven a analysé des échantillons de la muqueuse et des sécrétions nasales de patients et de volontaires sains. Elle a également réalisé, dans les deux groupes ; des tests d’hypersensibilité à un air froid et sec et à une série de substances irritantes, comme la moutarde, la cannelle et la capsaïcine. «Chez les personnes souffrant de symptômes nasaux de cause inconnue, certaines fibres nerveuses de la muqueuse nasale semblent contenir une quantité anormale de canaux TRP. Ces récepeurs recueillent des informations sur la qualité de l’air, les particules de poussière et les gouttelettes que pénètrent dans les fosses nasales. Lorsqu’ils sont trop nombreux, la muqueuse surréagit, ce que provoque les symptômes que nous connaissons. »

4 L’effet destructeur du piment

Ce sont en particulier les canaux TRPV1, sensibles à la chaleur, qui semblent être présents en quantités excessives. Ils sont activés par la capsaïcine, ce qui explique pourquoi on a le nez qui pique après un repas très épicé. Laura van Gerven : « A des concentrations élevées, la capsaïcine a un effet plus intéressant encore : elle détruit purement et simplement les fibres nerveuses contenant une quantité anormale de canaux TRPV1, tout en épargnant celles qui en possèdent une quantité normale. Cette particularité permet au spray à la capsaïcine de combattre l’hypersensibilité nasale sans affecter les sensations normales. Malheureusement, les plaintes resurgissent avec la formation de nouvelles fibres nerveuses ». L’équipe de Laura Van Gerven étudie actuellement l’efficacité de sprays nasaux de capsaïcine faiblement dosés et la possibilité d’un traitement des partients à domicile.<